« Quand vous avez un, vous démolissez un, et vous reconstruisez un. À la fin, vous n'avez toujours qu'un. Si vous avez un et que vous ajoutez juste la moitié d'un, à la fin, vous avez un et demi. Vous dépensez moins. Vous avez plus. »

LACATON & VASSAL

« Les bâtiments méprisés et sacrifiés aujourd'hui sont, ou auraient été, le patrimoine de demain. Nous avons oublié, pour citer à nouveau M. Langenbach, que « l'économie est une science sociale ». Nous nous demandons pourquoi les formules économiques produisent des villes inhumaines. C'est le chemin certain vers le fléau de l'avenir. »

ADA LOUISE HUXTABLE

« Pour élever notre imagination au niveau du défi de l'Anthropocène, nous devons être capables d'envisager des configurations d'action, de pratique et de relation sociale, et cela exige, dès lors, que nous suspendions les hypothèses politico-économiques du présent. »

MIKE DAVIS

« S’engager dans une pratique spatiale critique qui [...] ferraille contre les cadres standards de la discipline et les remet en question, interroge les cahiers des charges, les attentes du projet, qui utilise aussi les outils du dessin et de la représentation pour réorganiser les structures hiérarchiques, de l’agence et des écoles, et qui renégocie ces conditions juridiques et financières de manière proactive. Donc une pratique spatiale critique n’est pas définie par ce qu’elle construit ou ce qu’elle refuse de construire mais plutôt par ses actions [...] qui s’étendent de la production de recherche classique à des articles publiés dans des revues scientifiques, des livres, ou la conception de projets simplement, la production de dessins, de diagrammes, de bandes dessinées, d’articles d'opinion et de provocation, ainsi que des expositions ouvertes au public, à la conception pédagogique, d’ateliers, de séminaires, de groupes de lecture, ainsi que les réseaux sociaux pourquoi pas. »

CHARLOTTE MALTERRE-BARTHES

« Portée par une puissante mobilisation citoyenne, une ancienne piscine municipale délaissée est progressivement réhabilitée, dans un partenariat public-citoyens, par les services de la Ville, qui confie à l’association habitante l’occupation et la gestion du nouveau lieu. »

L'ECOLE DU TERRAIN (LA PREUVE PAR 7)

« Bien mieux que les promoteurs ou les architectes qui spéculent sur des milliers de mètres carrés, les gens qui ont des besoins en termes d’habitat savent ce qu’ils veulent et ce qui pourra fonctionner puisque cela répondra à des besoins réels. L’incrémentalisme n’est pas une façon ancienne, « historique » de faire les choses, mais une méthode qui permet de faire le tour des problèmes et de voir ce que la rationalité refuse de voir. Il ne faut pas ériger le savoir en doxa mais s’appuyer sur la réalité, faire confiance à toutes les échelles de contacts humains. »

SIMONE ET LUCIEN KROLL

« Ils sont sur la montagne à l’abris des flots
Ils voient la croix de la presqu’île,
la forêt du Cranou, les feux de Rumengol
Dans la baie plus de traces de la ville
Rien que le linceul des vagues, lisse et bleu
C’en est fini de la ville des plaisirs
et des fêtes
C’en est fini d’Ys, la ville du milieu des eaux »

LEGENDE DE LA CITE D'YS

« Le complexe des Plomarc'h constitue un témoignage remarquable sur l'activité de la pêche et du traitement du poisson dans l'Antiquité sur le pourtour de la baie de Douarnenez. »

RUINES D'UNE USINE DE SALAISON ROMAINE, DOUARNENEZ

« Nos yeux s'habituent constamment à la façon dont les choses vieillissent et nous apprenons à ne pas interférer avec ce processus, qui est en soi si beau. L'accumulation de l'histoire et des différentes traces est un atout pour nous et nous essayons d'en préserver le plus possible. »

FLORES & PRATS

« [Il ne s'agit pas seulement de contexte mais de] toute une géographie sensible au sein de laquelle les marqueurs d'identité locale et les invariants alternent avec les apports venus de l'extérieur et parfois de très loin. Cette géographie sensible concerne en premier chef les habitants eux-mêmes mais également les usages et les flux, les matières, les marchandises, les objets, les coutumes [...] En termes simples : devons-nous continuer de laisser se propager l'occupation indue, l'artificialisation et l'empilement, ou devons-nous passer à autre chose ? A quelque chose que nous ne connaissons peut-être pas encore — une architecture de fragments déployée en essaim, et qui serait en phase avec les systèmes d'échos ou échosystème avec un h — oui, à l'évidence, il s'agit d'un jeu de mots — mais la référence à l'écologie est précise, et ce qu'elle agrippe, à travers la notion d'écho, ce n'est aucunement un cadre réglementé d'obligations, c'est la possibilité d'une intelligence et d'une intelligibilité des modes d'existence et d'habitation. »

JEAN-CHRISTOPHE BAILLY

« Un projet n’est pas une envie d’auteur mais une suite logique de choix »

-BAST

« L’ensemble constitué au fil des générations est resté vide pendant des années et a été rénové avec des moyens simples et authentiques. En raison du piteux état des éléments en bois, la structure classique constituée de petites pièces a fait place à un grand hall d’état sur deux étages, avec un toit en tôle ondulée. Soutenues par une structure en acier, les fonctions initiales restent visibles sur la pierre apparente de la cave à vin, le crépi et les structures des pièces d’habitation. La bâtisse principale s’ouvre sur une terrasse donnant sur la vallée avec une annexe. Sous les poutres intactes jusque sous le toit, un cube habitable enduit de lasure foncée à l’intérieur et posé sur des plots crée un climat agréable, dans lequel les habitants peuvent cuisiner, manger, dormir et passer l’hiver. »

BUCHNER BRÜNDLER ARCHITEKTEN

« Les espaces patrimonialisés et les usages touristiques que les élu.es souhaitent promouvoir entrent ici en conflit avec les usages historiques et populaires d’un ancien port de pêche. »

COLLECTIF HABITER LES GREVES

« -Le futur de ce bâtiment ne doit pas être compromis par la manière dont on va le restaurer. Le maire a très envie de faire un théâtre ? Il peut envisager de faire un théâtre, pourquoi pas, un jour.
-C'est un projet qui est donc doublement patrimonial. Il s'agit de réhabiliter une vieille grange de village, ça c'est un rapport au patrimoine architectural. Mais c'est aussi un rapport au patrimoine foncier de la commune. Ils ont envie de réouvrir une boulangerie pour revitaliser leur village mais ils ont surtout une surface disponible dont ils ne savent pas quoi faire et qu'ils veulent remettre en état. Donc une des questions qui nous est posée, c'est donc de leur redonner le foncier qu'ils ont, de le remettre aux normes, de le remettre en capacité d'accueillir [...] n'importe quel programme. Une boulangerie ou une librairie ou une crèche, ou ce qu'on veut en fait. »

GENS ARCHITECTES

« Le toit s'était effondré et avait entraîné l'étage supérieur dans sa chute, transformant la maison en une forêt dont la pièce principale était devenue la clairière. Nous avons tout de suite pensé: "ne changeons rien". »

ENCORE

« C'est une architecture transhistorique, quelque chose qui n'est pas figé dans un temps particulier. »

-H ARQUITECTES

« Nous en sommes très contents car il porte beaucoup de choses, l’infini, le non-fini, ou comment l’architecture doit accompagner et non pas mettre un point final, ce qui est une de nos convictions fortes. L’inauguration marque le commencement et non la fin. Dans la garantie de parfait achèvement (GPA) qui court pendant un an après la réception d’un chantier, le mot « achèvement » me désole ! Notre métier, c’est justement de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’achèvement, que le bâtiment livré ait une suite, que des gens le reprennent à leur compte, l’investissent. D’où le sous-titre de notre exposition : « Construire des bâtiments ou des lieux ? » »

COLLECTIF ENCORE HEUREUX

« Comment ne pas penser ici à ce film éblouissant réalisé par Harry J.Miles en 1906 à San Francisco quelques jours avant le terrible tremblement de terre qui mit la ville à bas : ce que montre la caméra placée à l'avant du cable car descendant Market Street en direction d'Embarcadero, c'est justement l'extraordinaire agitation d'une circulation constante et démultipliée, ce sont les flux formateurs d'une ville qui s'invente — mais il se trouve que ce long travelling ouvert au sein de la ville est simultanément et de façon involontaire la trace ultime d'un monde sur le point de disparaître. C'est en se rendant à New York que les frères Miles apprirent que la ville qu'ils venaient de filmer quelques jours plus tôt n'existait plus. »

A TRIP DOWN MARKET STREET BEFORE THE FIRE